31 March 2017
La ministre responsable du Travail, Dominique Vien, a tranché : les parents bénévoles, qui souhaitent repeindre l’école fréquentée par leurs enfants, pourront bientôt le faire sans risque d’encourir une amende. La loi devrait être changée.
À écouter plusieurs commentaires, ça n’avait pas de bon sens qu’au Québec, on soit rendu si bas qu’on empêche des bénévoles de peindre une école. Mais est-ce vraiment la question ? Ne vaudrait-il pas mieux se demander si au Québec, on serait rendu si bas qu’on accepte que le gouvernement se décharge de ses propres responsabilités pour les refiler sur les épaules de parents bénévoles ?
Un gouvernement qui se défile de ses responsabilités
Parce que c’est exactement de cela qu’il s’agit. C’est la responsabilité du ministre de l’Éducation et de son ministère d’assurer le droit à l’éducation de nos enfants notamment en leur donnant accès à des bâtiments sécuritaires dont l’environnement est propice à favoriser leur formation et leur développement. Pour cela, il ne suffit pas de construire des écoles. Il faut également les entretenir.
Ce n’est pas aux parents, aussi bien intentionnés soient-ils, de sortir leur coffre d’outils et d’aller bénévolement rafraîchir nos écoles. Ces mêmes parents paient déjà largement leur juste part d’impôts et de taxes au gouvernement pour que celui-ci assume la totalité de ses responsabilités à l’égard de l’éducation de nos enfants.
Déjà que les parents sont régulièrement sollicités pour toutes sortes de campagnes de financement et de vente de barres de chocolat pour financer certaines activités scolaires ? Leur demandera-t-on maintenant de prendre une part de responsabilités dans la rénovation de nos écoles ?
Une aide inespérée pour la ministre
La ministre responsable du Travail, Dominique Vien, a beau jeu de dire qu’elle va changer la loi pour permettre aux parents d’aller repeindre bénévolement l’école. Elle peut difficilement rejeter une aide aussi inespérée alors que c’est son propre gouvernement qui a imposé des coupes si sévères en éducation que les commissions scolaires n’ont plus les moyens d’entretenir leurs bâtiments.
Ces compressions sauvages ont également eu pour effet de faire disparaître de nombreux postes occupés par le personnel de soutien scolaire, des travailleuses et des travailleurs compétents et qualifiés, justement en mesure de réaliser les divers travaux d’entretien et de réparation de nos écoles.
Si on en est rendu là, c’est de la faute de personne d’autre que de ce gouvernement qui se porte maintenant en défenseur de la cause honorable de parents bénévoles, pour mieux faire oublier que ce sont ses propres politiques d’austérité qui font que plusieurs de nos écoles se retrouvent dans un tel état de délabrement.
Pour que Dominique Vien fasse œuvre plus utile
Si Dominique Vien veut vraiment rendre service aux élèves du Québec et à leurs parents, alors qu’elle demande à son gouvernement d’assumer pleinement ses responsabilités en rétablissant le financement de notre système public d’éducation pour assurer une éducation de qualité à nos jeunes dans des établissements sécuritaires et propices à leur formation et à leur développement. Le débat autour de parents transformés en peintres bénévoles n’aurait alors plus lieu d’être.
Éric Pronovost, président
Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)